Cet appartement du rez-de-chaussée se trouvait côté cour et il était parfaitement similaire au Grand Appartement qui se situait juste au dessus, au premier étage. Les fonctions de ces pièces étaient également les mêmes. Seule la hauteur sous plafond était nettement inférieure avec 5,20 m environ contre 7,15 m au dessus. Les plafonds ne présentaient donc pas de voussures et étaient donc plats.
L?iconographie des pièces différait du premier étage avec ici une accentuation sur le thème d?Hercule. Mais dans l?ensemble, la décoration de l?appartement était moins opulente. Ceci s?explique peut-être par les retards dus aux incertitudes royales sur le sort des Tuileries. Ainsi, nombre de pièces eurent leur décoration achevée, lorsqu?elle l?était, qu?en 1670 ou 1671. Le Roi quitta les Tuileries l?année suivante.
Ainsi, l?appartement se composait de :
la Salle des Gardes
l?Antichambre
le Chambre
le Cabinet
le Petit Appartement
La Salle des Gardes
Cette première pièce était la plus grande puisqu?elle mesurait 22,75 m de long pour 9,75 m de large. Elle était éclairée par six fenêtres du côté de la cour.
Cette salle possédait une décoration assez sommaire qui était l??uvre de Francart, sous la direction de Lebrun. Il y avait des lambris de bois assez simples qui montaient su sol jusqu?au milieu des murs. Le reste jusqu?au plafond était nu. Des copies de bas-reliefs où des tableaux exaltant les conquêtes de Louis XIV devaient à l?origine décorés cet espace laissé blanc. Seuls les dessus de portes se présentaient un peu plus ornés avec des trophées sculptés en bois. Le plafond de bois, compartimenté, laissait libre quelques espaces qui ne furent jamais décorés.
La relative nudité de cette pièce était en fait voulue puisqu?elle devait accueillir les collections d?antiques du Roi. Ici avait été placé le célèbre buste du Bernin qui est aujourd?hui à Versailles.
L?Antichambre
Cette pièce avait jour sur la cour comme la Salle des Gardes, mais il n?y avait que quatre fenêtres. L?Antichambre mesurait 16,25 m de long, ce qui lui offrait de belles dimensions malgré la faible hauteur sous plafond.
Le décor se réalisa en deux parties : les lambris et autres menuiseries furent placés en 1668 alors que la mise en place du décor peint par Jean-Baptiste de Champaigne n?eut lieu qu?en 1671. Le thème principal de la pièce était Hercule. La composition centrale offrait aux yeux des visiteurs Le Bûcher d?Hercule et l?Assemblée des Dieux. Cette ?uvre existe encore de nos jours. Elle comportait pas moins d?une vingtaine de personnages et traite de la mort et de la déification d?Hercule. Le plafond de l?Antichambre qui servait de cadre à cette toile était assez simple comme celui la Salle des Gardes.
Cette Chambre était de la même longueur que l?Antichambre mais ne s?éclairait que par trois fenêtres sur cour.
La décoration de cette pièce fut commencée avant celle des autres pièces car cette pièce devait être la Chambre de Parade. Ainsi, vue l?importance symbolique, on avait prévu une décoration un peu plus à la hauteur. Des ouvrages de stuc étaient présents et ils furent réalisés par Nicolas Legendre et Thibault Poissant. Le plafond présentait trois principaux espaces de forme ovale. La tâche de remplir ces espaces incomba à Nicolas Mignard. Malheureusement, ce dernier mourut et cela mis le chantier encore plus en retard. Le remplaçant de Mignard fut Sébastien Bourdon, nommé en 1670. Le thème était encore Hercule et il y avait La Déification d?Hercule, Hercule qui combat les Filles de la Terre, et Hercule qui donne son Arc et son Carquois. Malchanceux, le chantier l?était puisque Bourdon mourut à son tour sans achever ses trois compositions. Elles furent laissées en l?état et elles furent quand même admirées par beaucoup.
Cette pièce mesurait 12 m de long et s?éclairait par deux fenêtres sur cour.
Malheureusement, aucune description de la décoration de ce Cabinet ne nous est parvenue si une quelconque décoration fut entreprise.
Il se composait de trois pièces sur le jardin : Antichambre, Chambre, Cabinet. Ces pièces se dégageaient directement dans la Chambre et le Cabinet de l?Appartement du rez-de-chaussée.
Seules les décorations de la Chambre et du Cabinet de ce Petit Appartement nous offrent la vision de cet ensemble moins ample mais certainement pas moins opulent.
Dans la Chambre, on dénombrait beaucoup de peintures de Nicolas Mignard avec Apollon et Python, et La Chute d?Icare en dessus de porte. Le plafond quant à lui présentait sept compositions présentant les actions du Roi représenté par Apollon. La peinture centrale avait pour titre Apollon et les quatre Saisons. Cet ensemble passait pour être un chef-d??uvre de la peinture française du XVIIe siècle. Le plafond de l?alcôve possédait trois peintures : La Nuit, et de chaque côté deux peintures octogonales présentant Apollon fait écorcher Marsyas et Apollon fait mettre des oreilles d?âne à Midas. Seule la dernière nous est parvenue intacte.
Le Cabinet reçut également une très importante décoration peinte toujours par Mignard. Sur les murs se dessinaient Apollon reçoit la lyre de Mercure et Apollon court après Daphné. Au dessus des portes se tenaient Apollon regardant Jacinthe et Clithie changée en Tournesol. Le plafond s?ornait enfin d?une très belle composition intitulée Apollon et les Trois Muses. Cette dernière est visible au Musée Calvet d?Avignon.
Guillaume CRIEF