Le
palais sortit de l?oubli lorsqu?en décembre 1715, Louis
XV, alors âgé de cinq ans, fut ramené au
palais des Tuileries. En fait, cette installation du jeune Roi ne
devait rien au hasard et c?était le fruit d?enjeux
politiques majeurs.
C?est Philippe d?Orléans qui fut l?instigateur de la venue de Louis XV à Paris, et c?était une contrepartie de l?obtention du pouvoir durant la minorité du Roi. A l?origine, le testament de Louis XIV ordonnait la création d?un Conseil de Régence où le Duc d?Orléans aurait été un membre parmi tant d?autres. Cette situation n?était pas du tout de son goût, c?est pourquoi il commença par obtenir la cassation du testament de Louis XIV par le Parlement de Paris, seule institution habilitée à le faire. Le Parlement décida ensuite de nommer Philippe d?Orléans, Régent du Royaume de France et en retour, le Régent accorda des privilèges aux parlementaires et leurs accorda le droit de remontrance. Ainsi le Parlement de Paris obtenait un rôle d?importance et prenait sa revanche sur l?absolutisme du règne précédant.
Outre
cette montée en puissance de l?assemblée parisienne,
le Régent habitait au Palais Royal, à deux pas du
palais des Tuileries, ce qui était d?une grande commodité
pour mener les affaires de l?Etat. Tout semblait désigner
les Tuileries comme nouvelle résidence royale, au carrefour
des intérêts politiques du Régent et du Parlement
de Paris.
Le jeune Roi fut installé dans le Grand Appartement de Louis XIV, au premier étage du palais. Après la restauration des peintures du plafond et des dorures, la Salle des Machines fut rouverte à la cour. Ainsi, on redonna tout son éclat à cette très belle salle, qui était inutilisée depuis 1671.
Pour son agrément, le Jardin des Tuileries fut décoré de nombreuses statues provenant en grande majorité du parc du château de Marly. Les Parisiens se rendaient en masse au Jardin pour apercevoir le jeune Roi dont la simple présence dans la Capitale lui attirait déjà la sympathie. Il était compréhensible qu?après une si longue absence de la Monarchie dans sa Capitale, qu?après un si grand dédain d?un Monarque absolu, Paris fût fière d?abriter de nouveau son Roi.
En
fait il n?y eut que deux évènements marquants durant
la présence de Louis XV aux
Tuileries : la réception de l?Ambassadeur turc, Mohamed
Effendi, et la réception en l?honneur de l?Infante
d?Espagne.
Le 21 mars 1721, l?Ambassadeur turc, Mohamed Effendi, ainsi que toute sa suite, arrivèrent par l?entrée ouest du Jardin des Tuileries. Cette entrée comprenait une chevauchée, parfaitement mise en scène, qui amusa beaucoup les badauds. Ensuite, l?Ambassadeur dont le pays était un allié de la France, fut reçu par le Roi au palais mais on ne sait trop les raisons de cette entrevue puisque aucune décision majeure ne fut prise entre les deux alliés.
La réception de l?Infante d?Espagne
La réception faite en l?honneur de l?Infante d?Espagne avait une toute autre raison, la négociation entre Paris et Madrid d?un rapprochement dont un mariage entre le jeune Roi et l?Infante aurait été le point d?orgue. Pour l?arrivée à Paris de l?Infante qui n?avait que quatre ans, Louis XV en avait douze, on prépara une magnifique réception dans la Salle des Machines : un plancher ramena le niveau du parterre à celui de la scène, des lustres furent pendus tout le long de la salle et de nombreux décors en trompe l??il furent dressés.
La
réception eut lieu le 10 mars 1722. Le Roi était assis
seul sur un trône placé au milieu de la salle, ce qui
lui déplut beaucoup car il n?aimait pas être
ainsi mis en scène. D?ailleurs, l?Infante ne lui plut pas
beaucoup plus et aucun mariage ne fut conclut.
Le Roi n?aimait apparemment pas la représentation que Paris lui imposait et aspirait déjà à beaucoup plus d?intimité. Ainsi, Louis XV retourna à Versailles le 15 juin 1722, dans le palais endormi de la Monarchie absolue. D?un palais à l?autre, c?est les Tuileries qui s?endormirent de nouveau mais pour une très courte période cette fois-ci puisque dès 1725, la musique le réveilla et c?est ainsi que commença une période culturelle brillante qui ne cessa qu?aux premières heures de la Révolution.
Guillaume CRIEF