UN ELAN AU DELA DES GENERATIONS,
DES TENDANCES POLITIQUES ET DES FRONTIERES
par Alain Boumier
Président de l'Académie du Second Empire
Président du Comité national pour la reconstruction des Tuileries
(mise à jour : 10 novembre 2006)
1. Repères
Tout d'abord, aucune loi n'a décidé de supprimer les Tuileries.
Au contraire, au nom du gouvernement de la République, Jules Ferry a pris solennellement l'engagement de les reconstruire. Cet engagement a été publié au Journal Officiel (débats parlementaires, Sénat, 28 juin 1882).
Le général de Gaulle a voulu reconstruire les Tuileries mais n'en a pas eu le temps, m'a confié l'Amiral Philippe de Gaulle, qui a ajouté : "Je peux même vous dire qu'il voulait faire du Jardin des Tuileries un bijou".
En 1994, nous-même avons eu le privilège de convaincre le Président de l'Assemblée Nationale, M. Philippe Séguin, de l'intérêt de reconstruire les Tuileries. Mais les priorités en politique ne correspondent pas toujours aux souhaits des hommes d'Etat.
En 2002, l'occasion du cent cinquantenaire du décret présidentiel du 12 mars 1852, portant réunion des Tuileries au Louvre, nous a semblé le bon moment pour rouvrir le dossier. L'Académie du Second Empire a donc renouvelé son initiative, consistant à proposer aux pouvoirs publics de reconstruire les Tuileries à l'identique, dans le double but de rétablir l'harmonie de l'ensemble indissociable Louvre-Tuileries et de reconquérir un espace de 2,5 hectares au coeur historique de la capitale, actuellement sans éclairage public, livré à l'insécurité et à des baraquements provisoires depuis vingt ans.
2. Prendre l'attache
Nous avons écrit à M. Jean-Jacques Aillagon, alors Ministre de la culture et de la communication. Tout en considérant l'avantage que serait effectivement un agrandissement du Louvre qui manque de place, le Ministre nous a fait savoir qu'il ne disposait pas des crédits nécessaires et qu'il n'y en aurait pas dans les proches années. Il a néanmoins conclu que l'Académie du Second Empire était dans son rôle de lancer l'idée.
3. Alors, que faire ?
Nous avons donc mis au point un montage juridique ne pesant pas sur le budget de l'Etat. En première analyse, le coût prévisionnel de la reconstruction est évalué à 300.000.000 ? pour 20.000 m2, montant validé par d'éminents architectes, parmi lesquels j'ai plaisir à citer M. Roger Taillibert, Architecte DPLG, membre de l'Institut, ancien Président de l'Académie des beaux-arts, M. Jean Brasilier, Architecte DPLG, Premier Grand Prix de Rome, qui hélas a depuis lors quitté ce monde, et M. Stéphane Millet, Architecte DPLG, Président de l'Association des Grands Prix de Rome d'architecture et des Grands Prix d'architecture de l'Académie des beaux-arts.
A titre de comparaison, ce montant est quatre fois moins élevé que les travaux du Grand Louvre sous la présidence de François Mitterrand (8 milliards de Francs dont un de restaurations).
4. Montage juridique
Le montage juridique que nous préconisons consiste à faire évoluer notre Comité national en une Fondation. En application de la loi 64-1247 du 16 décembre 1964, cette Fondation proposera à l'Etat un bail à construction de type emphytéotique, afin de reconstruire les Tuileries à l'identique, sous le contrôle de l'Etat propriétaire du terrain, mais sans sa participation financière, ni celle de la Ville de Paris. Le financement se fera par le mécénat français en application de la loi 2003-709 du 1er août 2003, par le haut mécénat international attentif aux grands projets de ce niveau, et par une souscription nationale et internationale, après avoir obtenu les autorisations de l'Etat.
Pendant la durée du bail emphytéotique, d'une durée à convenir avec l'Etat, la Fondation gérera et entretiendra les Tuileries, sous le contrôle de l'Etat mais sans aucun denier public. Au terme du bail, elle remettra gratuitement les Tuileries à l'Etat. Ce montage juridique a déjà été utilisé pour la réalisation de la galerie commerciale du Louvre en sous-sol (bail de 80 ans à Vinci) et pour le parking souterrain (bail de 70 ans au Groupe Caisse des Dépôts).
5. Les Tuileries de nouveau debout !
Avec ses enfilades de salons de réception de 8,70 m sous plafond et la salle de spectacle, ce chaînon manquant pourra être un prestigieux centre de conférences d'intérêt national et international. A titre de reconnaissance, les mécènes auront le privilège de pouvoir y recevoir certains jours à convenir.
Nous assisterions alors à un véritable engouement pour aller aux Tuileries, au-delà même d'un effet de mode. Gardons en mémoire que le palais a hébergé l'Opéra puis la Comédie Française pendant près de vingt ans sous Louis XV et Louis XVI. Mozart y a créé sa symphonie N° 31 dite Parisienne, Haydn y a créé ses six symphonies parisiennes et Voltaire y a été couronné de lauriers par les Comédiens Français. Les Tuileries étaient alors un haut centre de culture.
Conformément à la règle des monuments historiques, nous préconisons la restitution du dernier état connu, pour retrouver l'harmonie d'ensemble qui régnait à la fin du Second Empire. Nous pensons que le pavillon central gagnerait simplement à être aménagé pour disposer d?un porche ouvert pour la libre circulation des promeneurs et d'une terrasse panoramique à son sommet, en un extraordinaire belvédère, en rappel de la partie haute des pavillons de Flore, Marsan et Sully.
6. Elus de la Nation et élus de Paris
Deux parlementaires, M. Bruno Bourg Broc, Député de la Marne, et M. Serge Mathieu, Sénateur du Rhône, ont posé des questions écrites au Ministre de la culture et de la communication, à propos de notre projet. La réponse du Ministre, parue au Journal Officiel du 24 mars 2003, reste générale et prudente, énumère les objections possibles, mais n'est pas négative.
M. Jean-François Legaret, Maire du 1er arrondissement, M. Philippe Goulon (élu depuis lors Sénateur de Paris) et Madame Florence Berthout, tous trois membres du Conseil de Paris, ont posé quant à eux une question écrite au Maire de Paris. La réponse du Maire, publiée sous la référence 130.QOC.2004-149, est prudente et souligne que la Ville n'envisage pas de participer au financement de l'opération puisque le terrain appartient à l'Etat, mais elle n'est pas négative non plus.
Nous avons écrit à M. Bertrand Delanoë, Maire de Paris, pour lui présenter le projet. La réponse du Maire, en une lettre signée de son Directeur de Cabinet, est bienveillante et souligne que le projet relève d'abord de la responsabilité de l'Etat, à qui il revient de décider de ce qu'il veut faire des Tuileries.
M. Christian Poncelet, Président du Sénat, Deuxième personnage de l'Etat, a bien voulu m'exprimer son soutien et conseillé de persévérer.
7. L'Institut de France
En février 2003, l'Académie des Beaux-Arts m'a invité à donner une communication à l'Institut sur le thème "Faut-il reconstruire les Tuileries ?" qui fait aujourd'hui référence et qui a été publiée par l'Institut. Le texte en est disponible sur le site de l'Institut de France et sur ce notre propre site ici-même.
A l'occasion du 155ème anniversaire de la loi du 16 octobre 1849 qui engagea irréversiblement la réunion des Tuileries au Louvre, l'Académie du Second Empire a créé le Comité national pour la reconstruction des Tuileries et décidé d'ouvrir ce site Internet.
Le Professeur Jean Tulard, de l'Institut, souligne que "l'arc du Carrousel retrouvera son importance d'arc de triomphe lorsque les Tuileries réédifiées lui auront rendu ses exactes proportions".
8. Une officialisation du projet par l'Etat
Le 6 juin 2006, M. Renaud Donnedieu de Vabres, Ministre de la culture et de la communication, a signé un arrêté portant création auprès de lui d'une Commission d'études de la reconstruction des Tuileries, composé de huit membres et présidée par M. Maurice Druon, de l'Académie Française, ancien Ministre de la culture. En cliquant sur le lien ci-dessous, vous pourrez avoir accès à cet arrêté ministériel tel qu'il a été publié au Journal Officiel du 9 juin 2006. Il s'agit d'une reconnaissance et d'une officialisation de l'initiative prise et portée par l'Académie du Second Empire :
http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=MCCB0600439A
9. Le Comité National : un élan !
Le Comité national pour la reconstruction des Tuileries, créé sous l'égide de l'Académie du Second Empire en 2004 (publication au Journal Officiel du 29 janvier 2005), connaît un réel succès. En peu de temps il a recueilli plus de 1.400 signatures, et non des moindres. Au-delà de son caractère inattendu, la reconstruction des Tuileries touche une fibre française en répondant, de fait, à une attente diffuse, sensible, non exprimée.
Les médias français et étrangers : presse écrite et radiodiffusée (notamment française, britannique, allemande) et télévisée, ne s'y trompent pas : ils font un large écho à ce projet parce qu'il plaît. Le Journal Télévisé de TF1 a consacré 3 minutes à la reconstruction des Tuileries en un excellent reportage, le samedi 23 septembre 2006 à 20h, l'heure de grande écoute, qui eut beaucoup de retentissement.
Très nombreux sont les témoignages d'approbation qui nous parviennent chaque jour, et notamment de la part de jeunes. Nous avons créé un élan porteur, une chaîne d'union internationale rassemblant ce qui est épars, sans distinction des générations, des tendances politiques et des frontières, pour un creuset où s'est cherchée et où s'est trouvée la France moderne.
Reconstruire les Tuileries est un projet qui rassemble. Une mission que le Président du Comité national pour la reconstruction des Tuileries a l?honneur de conduire avec détermination, amour et foi en l'avenir de la France, au coeur d'une Europe en plein devenir et qui a besoin de ses racines.
Si ce projet "vous parle", rejoignez-nous et soyez les bienvenus !
Alain Boumier